Police, quartiers, politique : Entretien avec le rappeur Skalpel
« Les quartiers populaires ont toujours été, et continuent d’être, le laboratoire où on expérimente les outils de contrôle social. »
Nous avons pu entendre, suite aux manifestations et aux émeutes en réaction au viol de Théo, cette vieille rengaine qui va de l’extrême-droite à l’extrême gauche : les quartiers populaires sont absolument dépolitisés, et les éruptions de violence face à la police relèvent du mystère ou de la manipulation. Cette petite chanson, selon qui l’entonne, sert à dissimuler la situation réelle dans les quartiers ou à délégitimer avec paternalisme toute la colère qui n’accepte pas de se laisser contenir dans les formes classiques de la politique. Après avoir interviewé Samir du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues, un lecteur de lundimatin est allé rencontrer Skalpel, du collectif de rappeurs Première Ligne.
Salut, alors tu es membre d’un groupe de rap qui s’appelle « Première Ligne ». Tu pourrais nous en dire un peu plus sur ton parcours militant et ce qui t’a amené pour l’un comme pour l’autre à concevoir la musique ou l’utilisation d’Internet comme vecteur de diffusion d’une certaine culture politique ?
Tout d’abord, je suis le fils d’un réfugié politique sud-américain et j’ai grandi dans le quartier des 3000 à Aulnay. Actuellement, je fais partie du milieu antifasciste parisien et je suis proche de différents collectifs de lutte contre les violences policières comme par exemple « Angles morts », et bien sûr du groupe de rap Première Ligne et du label militant Bboykonsian. J’ai commencé le rap à 15 ans et j’en ai 37, donc ça fait plus de 20 ans que je baigne dedans. Mon rap a toujours été conçu comme un outil pour dénoncer des choses, des messages de protestation et une critique de la société. Vraiment, mon parcours politique est indissociable de mon rap, ça va ensemble. Je suis un rappeur militant ou un militant qui rappe. En 2006, j’ai eu une sorte de réflexion personnelle qui m’a amené à me dire que je ne pouvais plus me contenter d’être un rappeur avec des paroles engagées, mais qu’il fallait lier les paroles aux actes. Sortir du cadre juste artistique et m’éloigner da la simple « posture ». Du coup, ça a été assez logique, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour les prisonniers politiques, étant moi-même fils d’un ancien prisonnier politique. A cette époque, il y avait les gens d’Action Directe en prison, et Georges Abdallah, et j’ai décidé de militer pour leur libération. À partir de ce moment-là, on a intégré le milieu militant d’extrême-gauche radical parisien avec l’idée qu’une partie de ce milieu était déconnectée des réalités des quartiers. On voulait réfléchir à comment créer des ponts entre des questions qui nous paraissaient essentielles : Palestine, antiracisme, libération des prisonniers politiques et plus tard la lutte contre l’islamophobie. Toujours avec notre point de vue de gars des quartiers populaires issus de l’immigration.
Quelques années plus tard, on a aussi fait un autre constat. Le fait de devenir militant nous avait aussi éloigné d’une certaine manière de la réalité des quartiers. Les luttes de soutien à la Palestine et contre l’islamophobie nous ont montré que de nombreux militants étaient frileux sur ces questions-là. Par exemple, je suis l’un de ceux qui a initié l’appel des libertaires contre l’islamophobie (il y a 5-6 ans) pour se démarquer d’une posture islamophobe qui existait dans les milieux anarchistes, communistes & autonomes. A côté de ça, on a continué à avoir des liens avec les anciens du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues ou le Forum Social des Quartiers Populaires. On était dans une espèce d’entre-deux : quartiers populaires et extrême-gauche. On pouvait jouer pour le FSQP, comme pour des autonomes dans un squat, un collectif de sans-papiers ou encore des antifascistes.
Tu parles d’antiracisme, puis de lutte contre l’islamophobie, quelle distinction fais-tu ? Qu’est-ce qui t’a fait passer de l’un à l’autre - sans te détacher pour autant des luttes antiracistes, évidemment ? A un autre moment, tu dis que tu défends les prisonniers politiques, mais en tant que militant où tu places la séparation entre prisonnier politique et prisonnier non-politique ?
L’islamophobie est un racisme spécifique, comme peuvent l’être l’antisémitisme ou la négrophobie. Très vite, on a considéré que l’islamophobie était un phénomène extrêmement grave en France et préoccupant ; sans pour autant faire de hiérarchie et dire que toutes les discriminations ne se valent pas. J’ai grandi dans un quartier majoritairement musulman, l’islamophobie je l’ai vécue comme une attaque personnelle visant une communauté de gens avec qui j’ai passé l’essentiel de ma vie de pauvre. Au-delà de la critique des religions, de ce qu’on pense ou pas des croyants. On s’est aperçu qu’il y avait une offensive gravissime de l’État au travers de l’islamophobie ; que ce n’est pas porté uniquement par l’extrême droite ou des beaufs, mais que ça gangrène toutes les strates de la société. Pour moi en tout cas, l’islamophobie c’est l’antisémitisme des années 2000. On a aussi capté que l’islamophobie était niée par une partie du milieu libertaire et d’extrême gauche en France. Certains allaient jusqu’à inventer des théories farfelues et disaient que c’était une invention et une propagande fondamentaliste d’agents secrets iraniens, bref un truc mis en place par l’Iran pour nuire à la laïcité au moment où des femmes voilées se faisaient agresser. Même les médias ne pouvaient nier que la communauté musulmane était la cible prioritaire.
Pour passer à la deuxième question : notre première démarche a été de défendre une catégorie de personnes emprisonnées pour des raisons politiques. Et donc cette lutte pour cette catégorie de prisonnier, on l’a mise en perspective avec ce qu’on vivait dans le quartier. On a toujours eu des potes qui avaient un frère, un pote, un cousin ou une connaissance en prison. On sait depuis petit que la prison, que l’on soit dedans ou dehors, fait partie intégrante de la vie du quartier. Ce constat là, couplé avec notre défense des prisonniers politiques nous a amené à nous questionner sur la prison et son rôle en général. Dans un pays inégalitaire et raciste comme la France, on a tiré la conclusion que tous les prisonniers sont des prisonniers politiques car tu y rentres pour des raisons politiques ou de discriminations sociales, c’est-à-dire des raisons politiques également. Même si tous les prisonniers ne le vivent pas de la même façon. Certains assument le côté politique et d’autres préfèrent se considérer comme des prisonniers comme les autres.
Afin que les lecteurs soient en mesure de confronter le point de vue de Samir du Mib [Lire son interview ici ] au tien, qu’est que tu dirais de la situation des quartiers populaires actuellement ? Sachant que vous ne venez pas du même quartier et que vous n’avez pas les mêmes trajectoires.
Les quartiers populaires ont toujours été, et continuent d’être, le laboratoire où on expérimente les outils de contrôle social. En gros, pour schématiser, si les flics parviennent aussi bien à réprimer un mouvement social c’est parce qu’ils s’entraînent dans les quartiers. Par exemple, quand ils balancent une grenade de désencerclement dans une manifestation, il faut se dire qu’il y a de forte chance que cette grenade ait été testée dans nos quartiers. Pour moi, le meilleur exemple reste la brigade anti-criminalité. Elle puise ses origines dans les brigades nord-africaine et les BAV envoyées dans les bidonvilles, qui ensuite sont devenues les brigades qui devaient gérer les quartiers populaires. D’un point de vue répressif elle porte une dimension raciste en contrôlant une partie spécifique de la population catégorisée racialement et socialement, parce qu’issue de l’immigration post-coloniale et faisant partie de ce qu’on nomme le prolétariat urbain. Quand on voit l’agissement de la BAC dans certaines manifestations qui sont organisées en bande, c’est ni plus ni moins les mêmes méthodes violentes et d’humiliations que dans les quartiers, ce qui en fait la cible principale à chaque fois. On ressent un sentiment de haine générale de la BAC dans nos quartiers et même chez les plus timides dans la critique des flics. Tout le monde est d’accord pour dire que ce sont des merdes. Même si je considère personnellement que c’est la police qui est responsable dans son ensemble. Ce n’est pas un hasard si on pense tous ça dans les quartiers. On le vit quotidiennement. Mathieu Rigouste dans son livre La domination policière illustre bien cette violence et ces humiliations. Il les a vues voire vécues en grandissant à Gennevilliers.
Le maire d’Aulnay, qui est donc la ville où tu as grandi, joue un rôle important dans la pacification du conflit actuel suite au viol de Théo. Qu’est que tu pourrais nous en dire, toi qui connaît très bien cette ville ?
L’attitude du maire d’Aulnay est l’exemple type de l’opportunisme politique en terme de rapport aux violences policières. Il y a une violence symbolique d’autant plus grande que ce maire est un ancien flic. En tant qu’ancien syndicaliste policier, il a passé toute sa vie à être l’ennemi de ceux qui luttent contre les violences policières. Il se sert de cet ancien statut pour afficher un soutien de façade à Théo et à sa famille tout en court-circuitant, au même titre que leur avocat Dupont-Moretti (Voir l’entretien avec Samir du MIB), ce que pourraient être des exigences plus radicales en terme d’obtention de vérité sur cette affaire. En gros, comme il soutient Théo publiquement ça veut dire qu’il va pouvoir être beaucoup plus ferme dans la répression des révoltes populaires. Il va tenir un discours de soutien pour pouvoir faire en sorte que les émeutiers payent plus cher. C’est la même chose avec la visite du Président au chevet de Théo. Hollande veut nous faire croire qu’il est choqué par les violences policières, alors que son quinquennat a été marqué par un tournant ultra-sécuritaire de la gauche parlementaire.
Le maire d’Aulnay adopte une position opportuniste locale. Il sait qu’aux prochaines élections il risque de ne pas être réélu s’il ne soutient pas Théo. Ça conforte ma position quand je dis que c’est un ancien keuf syndicaliste qui sait très bien le rôle qu’il joue dans cette affaire. Ce n’est pas pour rien qu’un flic syndicaliste a pu dire que "bamboula" n’était pas une insulte grave. Ou que les syndicalistes policiers attaquent quotidiennement le collectif Urgence Notre Police Assassine.
Que penses-tu du positionnement des rappeurs actuellement face aux violences policières ? On a vu qu’il y en avait pas mal qui prenaient position en soutenant Théo. Mais ils sont plus timides lorsqu’il s’agit de soutenir les révoltes populaires.
Je ressens un mélange de satisfaction et de vision désabusée. Pour beaucoup c’est un positionnement opportuniste du moment et d’autres sont très sincères. Avec la médiatisation d’un certain nombre de luttes, on voit beaucoup de gens qui apparaissent soudainement, puis disparaissent et ne s’inscrivent pas dans une pratique à long terme de soutien à ces luttes. C’est-à-dire que soutenir une famille victime de la police, en tant que rappeur et militant, ça se fait sur le long terme et on obtient très peu de victoires (condamnations) et très peu de reconnaissances des faits réels des crimes policiers et racistes. Du coup quand on s’engage là-dessus, c’est un engagement éthique et moral, non pas un un engagement du moment pour se donner bonne conscience. Nous on soutient les frères Kamara depuis dix piges [1 ] et force est de constater que très peu de rappeurs les ont soutenu. Le discours général qui va prédominer dans ce soutien, sauf à de rares exceptions, c’est de condamner les violences policières tout en supposant qu’il y aurait de bons flics. C’est un soutien assez timide et consensuel. Nous on est pour soutenir les révoltes populaires et les émeutiers, c’est-à-dire les acteurs des luttes, donc c’est à eux de décider des moyens d’actions et c’est pas aux militants ou aux rappeurs de décider de quelle forme doit prendre la révolte. Surtout, pour préciser ce que je pense, qu’ aujourd’hui la violence issue des quartiers populaires est totalement légitime car ceux qui définissent les termes de la lutte doivent être les opprimés.
Lors du mouvement contre la loi travail, on a vu des manifestants reprendre de nombreuses punchlines des rappeurs les plus en vogues. Ça a permis d’une certaine manière de faire passer un message autre que les traditionnels « lycéens, étudiants, travailleurs, ceci, cela ». C’est quoi ton avis dessus en tant que rappeur militant et habitant du 93 ?
Je suis assez mitigé là-dessus. Je suis satisfait que les slogans se modernisent et fassent écho à ce que je considère être la musique la plus populaire : le rap. Mais derrière ça je peux pas m’empêcher de me dire que certains militants de la petite bourgeoisie se donnent des frissons en reprenant des phases de rappeurs qui ont une vie que certains ne connaissent pas ; tout cela pour prétendre à une convergence qui n’existe pas totalement dans la réalité. Même si, pour avoir participé au mouvement contre la loi travail, il y avait beaucoup de militants issus des quartiers populaires, pour la plupart venant des lycées et des facultés. Il y a aussi ce paradoxe avec des rappeurs qui donnent de la légitimité à un système contre lequel on lutte et qui connaissent les réalités et les difficultés de la vie. Après c’est pas pour autant qu’on doit excuser politiquement des rappeurs avec qui on est pas d’accord parce qu’il a dit deux-trois trucs biens. Il y a une rupture politique et idéologique qui se fait entre rappeurs parce qu’on aspire pas tous aux mêmes choses quant à la société. Ce qui domine dans le rap c’est une idéologie qui vise à faire du biff et accéder à un niveau de vie de bourgeois.
Mais tu ne peux pas nier que ces punchlines de rappeurs ont contribué à diffuser des messages à des gens qui n’ont pas l’habitude de lire des tracts ou qui ne se sentent pas représentés par l’extrême gauche ?
C’est vrai, mais d’une certaine manière ça folklorise un peu le mouvement en boostant sur le moment, alors que le vrai moteur de la mobilisation c’est que ça ne peut plus durer, que c’est trop ! Je veux dire qu’on est en 2017, l’état du monde a changé. On est plus dans une époque où il y a une aspiration de changement via le communisme. J’ai l’impression qu’on fait partie d’une génération désabusée. Ce mouvement a permis à plein de gens de lâcher une rage un peu enfouie et d’ailleurs ça avait déjà été le cas en 2005 lorsque le meurtre de Zyed et Bouna a révélé le besoin d’exprimer une colère dans les quartiers populaires. A l’époque, quand on regardait les statistiques concernant les personnes arrêtées : plus des 3/4 n’avaient aucun casier judiciaire. Il n’y avait pas, comme certains médias ont voulu le faire croire, des bandes de criminels islamistes organisés qui manipulaient qui que ce soit. C’était spontané.
Dans l’entretien avec Samir, il parle d’autonomie et d’auto-organisation par la base dans les quartiers populaires, mais il se réfère de temps à autres à des associations liées à l’État. Est-ce un paradoxe ?
Le plus bel exemple d’expérience politique dans les quartiers populaires est le Mib pendant 20 ans et c’est d’autant plus important que c’est un groupe autonome qui s’est construit en réponse aux violences policières. Quand on voit l’actualité, toutes les personnes qui ont envie de résister et de lutter devraient se renseigner sur cette lutte. Le livre Rengainez, on arrive retrace l’histoire des luttes contre les violences policières, dont ce qu’a été le Mib. C’est un mouvement qui s’est construit sans demander l’autorisation à personne. Ils ne se sont pas fait une association qui demande l’autorisation à la marie pour faire une sorte de lobbying dans les conseils municipaux. Ils y allaient, les prenaient d’assaut en expliquant les faits.
Aujourd’hui, on voit qu’il y a un lien qui est fait entre différents collectifs de famille et le milieu rap, vu qu’on en parlait. C’est pas quelque chose qui tombe du ciel, mais ça se faisait déjà à l’époque du Mib, qui a permis à toute une génération dont la mienne de consolider nos positions politiques en rencontrant du monde lors des concerts organisés par le Mib. Pour ma part, ça m’a très tôt permis de me dire qu’il ne fallait pas dépendre d’une organisation ou association institutionnelle dans nos luttes. Si tu veux lutter contre les discriminations sociales et racistes dans les quartiers populaires, tu t’aperçois qu’elles sont aussi portées par les municipalités issues d’un parti politique au pouvoir qui va appliquer localement des programmes politiques injustes. L’autonomie permet d’avoir une liberté d’action et de parole que tu ne peux pas avoir si tu dépends de la mairie.
Selon toi, qu’est-ce que pourrait être l’autonomie dans les quartiers populaires aujourd’hui ? Pour prendre un exemple qui nous est contemporain, à Toulouse, le Collectif pour la Réquisition et l’Entraide milite en s’axant sur l’aide des habitants des quartiers populaires ou des réfugiés. Tu penses que c’est un bon exemple ?
Pour moi, ça serait simplement l’auto-organisation de gens pour revendiquer quelque chose comme de meilleures conditions de vie ou un collectif de soutien à une famille victime de la police. Aujourd’hui, le quartier de la famille d’Adama Traoré en est l’exemple type. Pour en revenir à la CREA, c’est un très bon exemple car il pose aussi la question de l’accès au logement face auquel on est pas tous égaux. L’une des pratiques de lutte qu’ils ont n’est pas de demander l’autorisation à la mairie, mais de prendre les lieux vides pour loger les gens. C’est une pratique qui sort du cadre légal et institutionnel. Ils essayent de mêler leur pratique d’occupation d’un lieu vide en expliquant aux gens du quartier pourquoi ils font ça et ça permet de créer du lien entre les gens.
Ils tentent d’ouvrir les lieux occupés aux gens du quartier en faisant des bouffes, des concerts et des événements publics pour que les gens puissent se rencontrer.
C’est ce qui fait la différence entre les lieux militants où il n’y a qu’eux qui se côtoient en véhiculant une même culture. Ils ouvrent des squats populaires.
Le brouhaha électoral occupe une partie du champ médiatique, mais d’un autre côté on a l’impression qu’une campagne présidentielle n’a jamais été aussi pathétique. Que penses-tu de cette mascarade ?
Au-delà de l’analyse politique sur les élections, je ne vote pas du tout. Simplement car je suis immigré non-européen et la carte de séjour ne me permet pas de voter, donc de participer aux jeux démocratiques. Il y a énormément de gens qui sont éliminés d’office du circuit ‘démocratique’. On est plein à ne pas se poser cette question et ça ne fait pas débat, même si j’ai une vision politique de ce que sont les élections. Et donc, je ne crois pas dans les élections. On ne peut pas changer le système politique et économique français en votant pour un candidat. On ne veut pas réformer la République, on veut la détruire. Par contre, dans le calendrier politique, les élections sont toujours un moment politique où il faut être actif. Pas en disant que ça ne sert à rien, mais poser une alternative avec une campagne pour l’abstention qui porte une critique et qui serait par exemple de mettre en avant des formes d’organisations autres. C’est également un moment où il y a une offensive des partis politiques, notamment dans les quartiers populaires parce que bien évidemment c’est des endroits où il y a du monde et beaucoup de jeunes. C’est des endroits où l’abstention est grande, mais les politiques font aussi beaucoup campagne pour appeler à voter pour tel ou tel candidat. L’un des outils du système politique français est le clientélisme : promettre à des figures connues dans nos quartiers des postes ou un rôle à jouer au niveau local dans la municipalité. En contrepartie elles deviennent des rabatteurs pour les partis politiques et c’est une pratique de contrôle social pour casser une révolte populaire par exemple. Avec Hamon, on voit qu’il fait une grosse offensive dans les quartiers populaires. Il a le soutien de gens issus de l’immigration qui ont la même disquette à la S.O.S racisme et qui incitent toujours à faire front contre la droite ou l’extrême droite, alors que la gauche est un des acteurs qui véhicule et organise ce racisme.
paru dans lundimatin#95, le 28 février 2017.