Souvenir de Grasse. Les archives de la ratonnade. Un documentaire tourné à Grasse en 1973 par Jean-Michel Béryl, qui illustre comment le racisme ordinaire, relayé par les autorités municipales, peut ouvrir la voie à la chasse à l’Arabe. Le documentaire revient, à chaud, sur les journées de ratonnade officielle menée dans les rues de Grasse par les pompiers et les gendarmes, puis, pendant plusieurs jours, par les « braves gens », commerçants, pieds noirs et anciens de la guerre d’Algérie. La raison de cette glorieuse mobilisation de la population « autochtone » ? Une manifestation de travailleurs sans papiers, tunisiens pour la plupart, qui suivait le mot d’ordre « Liberté, Egalité, Papiers ». Autrement dit une mobilisation politique visant à l’obtention de l’égalité des droits sur les chantiers ou dans les exploitations agricoles dans lesquels ils travaillaient. Une mobilisation politique à laquelle le maire de Grasse, les forces de l’ordre et certains des zélés administrés de la ville apportèrent une réponse en deux temps : « culturelle », en estimant que ces Arabes n’avaient précisément pas à utiliser un vocabulaire politique ; physique, en rappelant manu militari ces prétentieux à leur place -sur les chantiers, dans les champs et dans les bidonvilles- et à leur rôle : le silence et la soumission.
Cette hystérie raciste, qui déboucha sur plusieurs dizaines d’arrestations et sur de nombreux blessés se développa sur fond de propagande anti-immigrés, que l’on voit dans le documentaire, une campagne menée par les parti d’extrême-droite de l’époque, Ordre Nouveau et d’autres notamment, qui n’allaient pas tarder à rejoindre les rangs du tout nouveau Front National. Un témoignage à ne pas oublier, à un moment où Jean-Marie Le Pen alias Charlie Martel, fidèle aux mythes fascistes qu’il a toujours suivis- se présente comme tête de liste aux élections régionales dans la région PACA .