Le camarade Tonio aka Original Tonio que nous connaissons bien dans le label, est un poto. Que ce soit à travers le rap (nous l’avons invité à jouer plusieurs fois lors de nos concerts de soutien), la politique ou le sport, c’est un MC que l’on peut croiser dans la réalité des luttes, du rap de rue et du foot populaire, en mode Ultra parisien qui boycotte le Parc des Princes ou spectateur au MFC 1871.
Il vient de sortir son premier album « Monologue social » qui, d’après les échos que l’on a, a déjà commencé à très bien tourner dans le milieu militant et dans la scène rap indé. Produit en grande partie par l’équipe Tamahagané, le disque mêle une ambiance Soul/Piano/Samples/Boombap et un flow multi-syllabique qui, à la différence de beaucoup de rappeurs de cette école de rap francophone, n’empêche nullement l’écriture de textes engagés et profonds. On lui a posé quelques questions…
Tracklist :
01) Introduction
02) Hors des sentiers battus
03) Monologue social
04) Peur du vide feat Bigmak
05) Traces d'amiante
06) Flaque de sens feat Swift Guad
07) Nouvelle donne
08) Foyer de révolte
09) La voix libre feat VII
10) Interlude
11) Trop méchants feat Skalpel
12) Arrête moi connard
13) Polygames feat Spit et LAX
14) Garder l'cap
15) Cogite sur ça feat Wira
16) Pot de départ
17) Passage à l'acte feat Sheryo et Guez
18) Bouquet final
Depuis quand tu rappes ?
Salut, tout d’abord, merci pour l’invitation. J’ai griffonné mes premières rimes quand je devais avoir 12-13 ans, j’ai enregistré quelques morceaux par la suite grâce à un mec d’Elancourt, Fabrice, qui tenait un studio dans le cadre d’un dispositif avec la mairie, ensuite je suis rentré dans d’autres délires donc j’ai un peu mis de côté la plume, pour reprendre de manière sérieuse et construite courant 2011.
Combien de projet as-tu sortis ou d’apparitions ?
Au niveau des apparitions, j’ai eu la chance de figurer sur quelques projets, on peut citer les Terroir Tape 1 et 2, la compile de la Goupille et celle de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue et les albums de Gueule d’Ange, Krom au mic, Swift Guad, ou encore VII.
Concernant les projets j’en ai sorti deux, le premier en 2012, uniquement sur le net, qui s’intitulait « Les vrais bails vol.1 » et qui regroupait 12 tracks, dont des versions audio de freestyles vidéos comme le Freestyle Fauteuil, ainsi que des morceaux enregistrés et mixés par mes soins, autant dire que c’était pas un truc de pro. C’était histoire d’officialiser la reprise en main du micro, et y’a eu un accueil assez cool avec environ 500 téléchargements du projet alors que très peu me connaissaient.
Le second projet que j’ai sorti, c’est mon premier album, « Monologue Social », sorti le 17 mars dernier en version CD et digitale.
Dans quelles conditions t’as fait l’album ?
Dans des conditions de chien, comme Ekoué, et dans une époque de fou, comme Ahmed Koma.
Plus sérieusement, j’ai mis 4 piges à le faire, bien épaulé par mon poto Mounir, homme de l’ombre et grand artisan de cet album, qui ne m’a jamais lâché et qui a toujours été là pour m’aider à aller au bout de ce projet. J’ai mis du temps à le réaliser cet album, beaucoup de hauts, de bas, de motivation et de découragement, mais toujours avec le cœur. Le projet a connu un gros coup de boost quand j’ai croisé la route de l’équipe Tamahagané Clan, collectif de beatmakers du Finistère. Ça a été une connexion déterminante pour moi, dans le sens ou ce sont eux qui ont donné sa couleur musicale à « Monologue Social » : sur les 18 titres, ils en ont produit 12. Humainement c’est aussi une super équipe de mecs passionnés qui ont su m’appréhender avec mes défauts et mes qualités. Des gars comme Flev, Manor et l’équipe Bboykonsian ont aussi beaucoup œuvré pour que je sorte ce projet, j’en profite pour leur passer un big up.
Qui sont les invités (Feat, prods, scratch…) et pourquoi y en a-t-il autant ? C’est par choix ou ça s’est fait naturellement ?
Côté feats on retrouve Bigmak, Swift Guad, VII, LAX et Spit, Skalpel, Wira, ainsi que Guez et Sheryo. Les instrus ont été réalisées par le collectif Tamahagané en grande partie, avec Many The Dog, Tideux, R2AN, mais aussi Art Aknid, Dj Brans, Blondax et Flev. Enfin, pour ce qui est des scratchs, j’ai fait appel à deux Dj qui sont Monark’, dj officiel de VII, et Sill One. C’est vrai qu’il y en a beaucoup, et il y aurait pu en avoir plus. Est-ce que c’est par choix ou naturellement ? Je dirais qu’en fait ce sont des choix naturels, tous les invités sont des potos, pour beaucoup de longue date, et apportent chacun leur ambiance et leurs qualités lyricales. J’ai envie de citer aussi mon pote 2kra, qui a réalisé l’intégralité de l’artwork et qui a su donner son identité visuelle à Monologue Social. Il fait partie de ces gars bourrés de talents et habitués à l’ombre qui mériteraient d’être beaucoup plus mis en avant.
Quel accueil reçois-tu ?
Un bon accueil, l’album parle à pas mal de monde, les retours sont positifs, tant au niveau des textes que des prods, de la pochette ou encore du mixage. J’ai aussi constaté qu’on m’invitait un peu plus en concert sur Paris maintenant, le fait d’avoir cet album à défendre y est clairement pour beaucoup. Par contre y’a eu aussi une espèce de polémique chelou sur un morceau, le track « Polygames » en feat. avec LAX et Spit, qui a été jugé sexiste par une poignée de militant-e-s radicaux, qui ont vu dans ce titre des trucs de ouf, des appels au meurtre ou du non-respect de la femme… J’aurais préféré qu’ils saisissent le second degré de ce texte ou chaque MC parle du rapport quasi amoureux qu’il entretient avec son écriture, plutôt que de chercher à me faire du bad buzz au sein du milieu politique.
Je sais que tu viens du milieu du foot, comment mélanges-tu ces deux passions ?
Effectivement, les plus attentifs retrouveront d’ailleurs le logo Supras Auteuil / Wilde Horde sur le verso du projet. J’ai jamais souhaité vraiment mélanger ces deux passions, tout simplement parce que je n’en ai jamais vu l’utilité. Mon groupe d’ultras, bien qu’on ait plus foutu les pieds au Parc depuis 7 ans, c’est resté la famille et j’ai pas besoin de faire des morceaux revendicatifs pour qu’ils le sachent. Après, dans mes clips, ce sont souvent des Supras qui y figurent, ça craque des fumis… En concert aussi, y’a quasiment tout le temps une équipe de Parisiens qui me suit, on a fait Villeurbanne fin 2015, y’avait a peu près 40 gars qui sont venus, ils ont pété des fumigènes dans la salle, c’était un joyeux bordel.
Quels sont tes futurs projets ?
Dans un premier temps, défendre cet album sur scène partout où l’on m’invitera. J’ai repris la plume y’a quelques semaines, je serai présent sur plusieurs projets notamment sur celui de LAX, mon frérot Lillois qui bosse dessus en ce moment et ça promet d’être un sacré album. Pourquoi pas un album commun par la suite, on sait que ça ferait plaisir à pas mal de têtes… A suivre
Mot d’la fin ?
Merci à toi pour l’entretien, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui se sont procurés l’album. Big up à mes équipes d’Elancourt, les Supras / Horde et les différentes AFA pour qui on a joué. On est ensemble dans ce monologue social. Rip Momo.
FB : https://www.facebook.com/Original-Tonio-223289974460388
Bandcamp : https://originaltonio78.bandcamp.com
Album disponible en CD dans notre boutique en ligne : http://www.bboykonsian.com/shop/Original-Tonio-Monologue-social_p1403.html
Release Party "Monologue social" le jeudi 1er juin à Paris : https://www.facebook.com/events/1721373871493725