« Djamhellvice est un rappeur parisien qui arpente la scène underground du rap français depuis 2011, date de son premier maxi, « Préface ». En mars 2014, sa mixtape « Des Maux, Crasseries… » voit le jour en téléchargement gratuit. En 2015 une version CD et K7 sortent sur le label suédois World Vs Cometh et le label parisien PPB Records.
Djamhellvice a pu écumer à plusieurs reprises les salles (France, Belgique, Suisse, Finlande et Espagne) aux côtés de certaines têtes d'affiche telles que GZA (Wu Tang Clan), Jedi Mind Tricks, Dilated Peoples, Ill Bill (La Coka Nostra) et Outerspace… Son premier album, Controverse, où se croisent des Mcs et beatmakers français et étrangers sort en octobre 2016. »
Djamhell c’est aussi un bon poto proche du label avec une personnalité atypique dans le rap cefran, des textes bien vénères et une couleur musicale bien à lui qui le fait passer de la scène rap hardcore et indépendante au Metal hardcore avec une aisance rare. Clair politiquement quand il s’agit de punchliner les soraliens ou les islamophobes en carton, engagé et dispo pour les concerts militants ou de soutien, tu peux aussi l’croiser en manif ou au MFC 1871 avec la Section Daron, du coup on lui a posé quelques questions despee. Un frère des ours à la boule à Z ou un Grizzly sûr de plus dans l’équipe, et comme dirait ceux à qui ils reste encore des veuch sur la tête, Djamhell c’est QLF !
Album "Controverse" :
01) Blague triste
02) Bénéfice du doute feat Res Turner
03) Juji gatame
04) God bless me feat Adm & Doliath
05) Nouveau souffle
06) Bande à part
07) D'ici danse feat Skalpel & VII
08) Rappel
09) La meute
10) Paris Detroit feat Joey Knuckles & Aztek the Barfly
11) Toi c'est pas pareil
Tu viens de la scène hardcore ? Comment se passe cet aller-retour avec la scène rap ? Le public te fais des remarques la dessus ?
J’ai commencé très tôt la guitare. J’ai joué de groupes en groupes pour finir avec le projet le plus important, Providence. En parallèle j’ai commencé en 2010 à taffer avec le beatmaker Fatcut pour sortir mon 1er maxi rap. Ça faisait longtemps que l’idée me trottait dans la tête. J’ai toujours écouté du rap US ou français en même temps que du metal, punk ou hardcore. C’était pas incompatible pour moi. J’ai même fait ma première release party du maxi Préface avec des groupes de hardcore. Maintenant je fais partie du décor on va dire. Même si j’ai arrêté Providence, je reste le «coreux qui fait du rap». J’arrive à avoir un bon accueil dans les fest typés hardcore car je suis habitué à la scène et mon style est assez rentre-dedans. Pour la scène rap l’accueil a été plus timide à mes débuts. Mais c’est normal on est des millions à prétendre faire du rap. Si tu veux sortir du lot faut faire tes preuves. Après si mon son est trop bourrin, trop conscient ou trop old-school... c'est pas mon problème.
Comment on vit le fait d’être rebeu dans la scène hardcore, j’demande car j’ai l’impression, sûrement fausse, que c’est principalement un milieu de babtous aisés ?
Ha ! Ha ! Je l’ai bien vécu. A Paname, il y a plus de mixité on va dire. Par contre dès que tu sors de là, je te mentirais si je te dirais que la majorité n’est pas «babtou». Le problème c’est qu’en France on a pas de culture « rock » en général. Dès que t’as de la gratte électrique c’est « un délire de blanc » , « gothique, satan, drogue… ». Moi je viens du XVIIIème arrondissement et je peux te dire que j’étais l’un des seul du collège à avoir des tshirts de metal et en plus de ça j’avais le blaze qui allait avec ha ha ! Sinon j’ai eu quelques embrouilles à l’époque car j’arborais fièrement l’imagerie «good night white pride» histoire d’être clair avec certains fafs qui voulaient s’incruster. C’était rare mais il y a toujours une petite poignée qui essaie de s’incruster pour assouvir leur besoin de testostérone. Sinon pour le «aisés», c’est pas du tout le mot à employer concernant cette scène. Le milieu est bien prolo. C’est des personnes qui ont choisi de jouer ou d’organiser des shows essentiellement pour le kiff et de temps en temps à perte. Aucun groupe de hardcore ne gagne sa vie avec ça en France. La majorité font des p’tits boulots qui leurs laissent du temps pour le reste. C’est pas assez hype pour que les jeunes bourgeois viennent s’encanailler en concert. C’est un style qui est resté assez Do It Yourself.
T’as toujours été dans l’rap à textes engagés ou c’est récent ? De quoi tu parles en général ?
Quand j’ai commencé à écrire, c’est que j’avais des choses à dire et à raconter. Tous mes titres ne sont pas 100% engagés mais une bonne partie l’est. Mon premier maxi comportait déjà un titre sur les émeutes urbaines et un autre était sur la cause animale. Je finis toujours par cibler des sujets qui me touchent. Je m’impose des thèmes par titre de temps en temps mais le reste du temps ça sort comme ça sort. J’aime bien la spontanéité. Je parle en général d’inégalités sociales, des combats perpétuels pour rester intègre, de racisme, spécisme, capitalisme, etc. Par exemple sur Controverse j’ai des sujets comme les préjugés avec «Toi c’est pas pareil»; la libération animale avec «Bénéfice du doute» en feat avec Res Turner; les théories foireuses d’extrême droite complotiste avec «D’Ici danse» en feat avec toi et VII. J’essaie d’y mettre de la forme histoire de ne pas avoir une vieille récitation de brochure de manif. C’est soporifique et ça servirait à rien.
Parle-nous de ton « véganisme » militant
J’ai décidé de stopper toute consommation venant de l’exploitation animale depuis pas mal de temps. Tu commences végétarien et la logique fait que tu finis par arriver au véganisme. C’était un choix évident pour moi. On nous raconte de la merde sur les bienfaits de la viande, du lait et de l'autre côté on nous cache toute la souffrance et le massacre que cela inflige. Pour une histoire de goût, de mode, de tradition, d’apparence... J'estime que si tu ne veux pas participer à ça et que tu peux t'en passer, tu emboîtes le pas. Question de cohérence. J’ai fait des concerts de soutien pour certaines assos, des meetings, des marches et j’ai participé à certaines actions directes comme les sabotages de chasse à courre. Pour moi que ce soit lutte sociale ou libération animale, c’est un tout. C’est pas préférer les animaux aux humains comme diraient certaines personnes (qui ne font rien ni pour l’un ni pour l’autre d’ailleurs). Aujourd’hui les gens s’en rendent comptent de plus en plus. Les luttes se rejoignent.
On s’connait aussi grâce au MFC, Ça te fait quoi d’être dans la Section Daron? T’as toujours aimé le foot ou c’est l’délire du club qui te parle plus ?
Section Daron en force! J'ai toujours aimé le foot. Mais je préfère y jouer. Je n'ai jamais été un gros supporter. Pour te dire, j'ai arrêté de suivre le championnat juste après Fernandez, Rai, Weah au Psg et Romario et Stoitchkov au Barca. Ça ne m'intéressait plus. Il y avait moins de folie, de spectacle et plus de course aux résultats par la suite. Le MFC ça m'a attiré surtout au niveau de son mode de fonctionnement autogéré, de ses valeurs antifa et des causes que le club défend. Rien que la date «1871», la Commune ça me parle. C'est comme la zik, si le foot permet de ramener des personnes qui n’étaient pas forcément impliqué dans certaines luttes, c'est bueno. Puis ça permet de voir les potos le dimanche aprèm.
Quels sont tes projets à venir ?
Pas mal de choses. Déjà de la scène, de la scène et de la scène. Puis je prépare un nouvel EP en collab avec Junior Makhno. Ça va être très sale comme à l'accoutumée. Ça fait longtemps qu'il fournit en beats des MCs ricains que j'apprécie. Il vient de sortir d’ailleurs son nouvel album, Party Discipline. On a à peu près les même délires sur le hip-hop, la politique et la cause animale. C’était l'occasion de s'allier pour sortir ce qu'on sait faire de mieux, du rap hardcore underground qui tâche.
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Bandcamp : https://djamhellvicepage.bandcamp.com
Album disponible en CD dans notre boutique en ligne : http://www.bboykonsian.com/shop/Djamhellvice-Controverse_p1393.html